Le politique, l’opinion publique et les médias vont devoir retrouver l’alchimie démocratique.
« Plus ça capte, plus c’est con » nous disait, narquois, Sylvain Tesson, dans une interview à propos des réseaux sociaux. Ultra connecté, infobèse, farci aux mauvaises nouvelles, notre esprit critique a du mal à sortir du canapé du vide. Pourtant, faire du sens, agir, débattre n’a jamais été aussi bon pour la santé du débat public. Re-calibrons lui le cerveau en assurant les conditions d’un dialogue utile, raisonné et raisonnable. De la constitution aux usages numériques, les opportunités sont nombreuses.
Les cygnes noirs de la crise volent toujours en escadrille, surtout dans une société déjà mal réglée.
Pourtant d’aucuns diraient que notre modèle de société est devenu plus résilient, subissant crise sur crise sans tomber, « Mieux vaut ployer que rompre ». Toutefois, à la lecture des dernières pages du monde, nous nous rapprochons dangereusement du précipice. Devenons anti-fragiles[1] en trouvant les moyens démocratiques d’avancer plus vite et plus fort que ces crises qui nous percutent de plein fouet.
Pour rendre à nouveau notre modèle de société opérant, il faut donc être capable de surmonter les blocages politiques, institutionnels et sociétaux. Et si le plaidoyer, notion chère aux professionnels des affaires publiques, rendait cela possible ?
Démocratiser le plaidoyer à toutes les échelles dans toutes les dimensions, le réel et le virtuel.
Gouvernements, élus, entreprises, associations, citoyens, tous peuvent aujourd’hui construire un plaidoyer. De la mise en place de concertation collective, à la création d’une organisation d’intérêts communs, en passant par une campagne de communication mêlant relations publiques et influence digitale, le comment n’est plus un problème, c’est le pourquoi qui compte.
Redonner le « Goût du vrai » pour rendre à nouveau notre modèle de société, singulier et engageant.
A l’ère du capitalisme cognitif, le clash est toujours plus rentable que le vrai. Nous ne sommes que des êtres d’émotions après tout, repus de notifications dans nos cavernes numériques. Allumons les « Lumières[2] » nous recommande la commission Bronner ! Investissons dans l’apprentissage des méthodes de désinformations, démocratisons la logique des concertations numériques, re-composons la chaîne démocratique pour lui redonner toute sa singularité, son aura. Elle produira à nouveau des actions collectives, qui impactent – dans le bon sens – les citoyens.
Réhabiliter le temps long pour que les causes sociétales résonnent avec les intérêts de chacun et produisent des actions concrètes.
Et si nous baissions le volume du clash pour retrouver un peu d’attention et débattre sereinement ? Mettre en place un plaidoyer, c’est concevoir un espace de discussion sain où chaque partie prenante peut débattre – en pleine responsabilité – sans avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Rencontres collectives, individuelles ou discussions en ligne via des plateformes de concertation collective, les moyens ne manquent pas.
“La seule liberté, les hommes ne la désirent point.” [3]Allons la chercher, rendons la désirable au plus grand nombre pour avancer ensemble, au mieux. Il faut une certaine dose de courage pour se lancer dans un plaidoyer, ouvrir sa raison d’être aux autres, pour tenter de faire avancer les débats de société, faire agir tout de suite et pour l’avenir, autrement dit créer de l’utilité sociétale. Du courage mais aussi beaucoup d’ambition, c’est ce que réclame sans toujours la savoir clairement la situation contemporaine.