L’IA : un bouleversement sous-estimé dans la communication ?
L’intelligence artificielle est en passe de transformer profondément les métiers de la communication, et pourtant, les investissements dans cette technologie peinent à suivre. Une étude menée par JIN en collaboration avec l’E-CERCLE, un réseau de professionnels de la communication corporate digitale, met en lumière ce paradoxe : bien que les directeurs de la communication reconnaissent l’impact majeur de l’IA sur leur secteur, peu d’entre eux allouent des budgets significatifs à son adoption.
Une adoption rapide mais un financement limité
Interrogés dans le cadre de cette enquête, des directeurs de la communication issus de grandes entreprises françaises (CAC 40 et SBF 120) reconnaissent massivement que l’IA a déjà une influence notable sur leur métier. 51 % des répondants estiment que l’impact est fort ou très fort, et 93 % pensent que cette technologie aura des répercussions au moins aussi importantes que l’arrivée d’Internet.
Parmi les usages les plus répandus, la création de contenus domine (81 % des sondés), suivie par la conception de stratégies et d’éléments créatifs (63 %), ainsi que l’analyse et la veille (52 %). Les professionnels de la communication y voient un moyen d’améliorer leur productivité (63 %), leur créativité (48 %) et l’efficacité globale de leurs organisations (26 %).
Malgré cette prise de conscience, les budgets alloués à l’IA restent limités. Seuls 30 % des directeurs de la communication prévoient d’augmenter significativement leurs investissements dans cette technologie, tandis que 67 % comptent le faire de manière plus progressive.
Un besoin urgent de formation
Face à l’essor rapide de l’IA, les entreprises cherchent à sensibiliser et former leurs équipes. Pour cela, elles s’appuient sur des cas d’usage concrets (93 %), des formations pratiques (74 %) et des enseignements théoriques (52 %). Cependant, plusieurs freins ralentissent encore l’adoption de ces outils, notamment des préoccupations liées à la sécurité (56 %) et le temps nécessaire pour former les équipes (44 %).
Selon Alexandre Villeneuve, co-fondateur de JIN, ces obstacles sont particulièrement visibles dans les grands groupes, où les contraintes technologiques et juridiques freinent la transition. Il souligne également un défi majeur : bien que les directeurs de la communication aient conscience des enjeux, les collaborateurs à d’autres niveaux hiérarchiques ne perçoivent pas toujours l’importance de ces transformations.
Des défis à relever pour un déploiement efficace
Si l’IA ouvre la voie à plus de créativité et de productivité, elle soulève également des questions éthiques et stratégiques, notamment en matière de désinformation, de standardisation des contenus et de transparence.
Pour autant, l’étude révèle que l’IA ne suscite pas d’inquiétude majeure parmi les directeurs de la communication. Au contraire, elle est plutôt bien acceptée dans le secteur. La principale réserve concerne le manque d’investissements, un paradoxe surprenant : bien que les dirigeants soient conscients de l’importance de l’IA, ils hésitent encore à lui consacrer des budgets conséquents.
Selon Alexandre Villeneuve, cette frilosité pourrait s’expliquer par la rapidité des avancées technologiques. “Les progrès de l’IA sont tellement fulgurants que les entreprises ne savent pas où placer leurs investissements”, observe-t-il. Pour l’instant, elles préfèrent attendre et observer plutôt que de miser massivement sur cette révolution.
Mais cette prudence pourrait bien se révéler risquée à terme. Sans investissements adéquats, les entreprises pourraient avoir du mal à tirer pleinement parti des opportunités offertes par l’IA et se retrouver en retard face à la concurrence.